Projets photographiques et plastiques en école et centre sociaux
BANLIEUSARDE
Redéfinissez le mot "Banlieusarde" avec Krissima Poba.


Lorsque je suis arrivée à l’école Petit Prince avec mon projet Banlieusarde, j’avais pour objectif de travailler sur les stéréotypes et les clichés de la ville de Saint-Ouen ainsi que sur la représentations des femmes dans les oeuvres se situant en banlieue. Mais je tenais également à ce que le projet soit une construction mutuelle entre mon travail d’artiste, mon travail de médiatrice et surtout la réflexion des enfants. Après un constat marquant : les oeuvres du 7e art représentant les banlieues parisiennes sont bien trop violentes pour des enfants de niveau CM. Nous avons ensemble décider d’abandonner la question de la représentation des femmes de banlieue dans les films. Et puis nous avons réalisé que les enfants étaient au quotidien entourés de banlieusardes et pour cause l’école est principalement composée de femme. Ainsi nous avons pu prendre en portrait chaque corps de métier de l’école représenté par : Sophie ATSEM, Sabrina AESH, Edith agent d’entretien, Mariam personnel de cantine et bien sûr Sandra enseignante et bras droit sur ce projet.
Le mot qui nous a le plus intéressé a donc été “Banlieue”, Saint-Ouen est une ville de banlieue parisienne aux disparités sociales fortes qui se ressentent au sein même de la classe. Aborder les stéréotypes, les discriminations et le racisme n’a donc pas toujours été une mince affaire. Néanmoins ces discussions ont permis d’aborder des notions et de créer un espace de discussion sur des violences que certains élèvent subissent malheureusement déjà. Saint-Ouen est aussi une ville en travaux constant et surtout une ville dans laquelle la nature est difficile à percevoir, bien que présente parmi tout ce béton. Notre projet a donc tenté de représenter Saint-Ouen de manière très subjective, du point de vue des enfants. Avec des appareils argentiques, des instantanés et des numériques. Nous sommes partis à la découverte du Saint-Ouen des élèves quartier par quartier.
Il fallait illustrer notre recherche et rendre ces visions plurielles d’un Saint-Ouen plastique. C’est alors que l’outil de cartographie sensible c’est imposé. Des cartes fictives inspirées du jeu vidéo fortnite, des cartes représentants les animaux du lac artificiel du quartier ou encore des frises chronologiques de communale notre espace d’exposition ont été fabriquées par les élèves.
Puis nous devions nommer notre exposition, choisir une scénographie et écrire des cartels. Finalement après avoir trouvé le titre parfait : Le quartier des photos. nous n’avons ni écrit des cartels ni fait une scénographie avec nos tirages. Nous avons eu une idée folle investir la communale et proposer une scénographie inédite. Notre mot d’ordre ? Une véritable exposition contemporaine dans le niveau lieu de la ville de Saint-Ouen. Investir un lieu agent de gentrification tel que communale était primordial pour moi car après avoir travaillé depuis tant de mois sur ce phénomène je souhaitais montrer aux enfants que ce n’était pas une fatalité non plus. Nous nous sommes donc entendu pour trouver une salle en véritable rupture esthétique avec les expositions scolaires habituelle. Et c’est alors que nous avons trouvé notre salle, nommée Le club. Dans cette salle nous pouvions dérouler l’ensemble de notre travail sans avoir à faire le choix des tirages. Le quartier des photos était né, une expérience immersive, une partie de nous dans ce lieu pourtant si difficile d’accès pour nous. Nous avons donc enregistré nos voix afin que le public soit véritablement plongé dans nos six mois de travail et de réflexion artistique.
Le Quartier des Photos

À ma hauteur

Les photographies représentant des protagonistes de banlieue parisienne sont souvent prises en contre-plongées violentes. Quand nous regardons ces photographies nous sommes à la hauteur d’un enfant qui regarde un adulte. Cette contre-plongée est là pour nous faire peur. Seulement les enfants de grande section voient le monde qui les entoure de ce point de vue. Est-ce que ce monde est effrayant ? Que ressentent-ils dans ces espaces souvent parsemés d’immenses bâtiments ? Durant plusieurs séances, les deux classes vont se familiariser avec leur quartier à travers différents outils : la visite de l’exposition photographique banlieusarde, la balade, le parcours de motricité pour visiter son quartier à sa hauteur, les photographies du quartier, la réalisation d’une exposition à hauteur d’enfants.